C’est quoi le woofing? C’est la question qui me vient constamment aux oreilles, donc avant d’aller plus loin, je me dois de vous expliquer ce procédé. Le woofing viendrait des australiens (tient donc!), en vérité le woofing existe depuis que l’homme existe, les australiens ont juste mis un nom dessus, et ont modernisé le bazar à coup d’internet. Le woofing existe donc dans pratiquement chaque recoin du globe. Pratique! A quoi cela consiste? Simplement de reprendre le bon vieux principe : je donne un coup de main (soit 5 a 6 heures de boulot par jour) contre gîte et couvert. En réalité, c’est pas vraiment ça! c’est comme si vous étiez invité chez des amis : vous vivez au même rythme qu’eux (oubliez vos grasses mat, levé a 6h), vous mangez avec eux (haaaa le fromage tout frais moulé et ses salades de pissenlit), vous n’hésitez pas à jouer avec les gosses (heu non pardon les enfants)… bref, vous faites partie intégrante de la famille du levé jusqu’au couché (généralement pas après 9h tellement vous êtes fatigué). Vous ne dépensez donc pratiquement pas d’argent et vous pouvez garder vos pépettes pour aller observer les baleines dans le Saint-Laurent (par exemple). Donc pour mon baptême de woofing, direction Notre-dame de Ham, à deux heures de route au Sud Ouest de Québec. Cette petite bourgade compte un dépanneur (épicerie) et un Bar. Point! (de toute façon le tout est a 10 minutes en voiture. J’ai pas de voiture.)
Première semaine : Notre-Dame de Ham Vendredi 9 mai, 10h40, a Victoriaville. Personne à mon arrivée. J’attends patiemment 10 minutes, 20 minutes, je pose mon sac à dos, il commence à être lourd ce con, j’ai pourtant semé des affaires un peu partout où je suis passée, 1 heure après, bouffée d’angoisse, m’aurait on oublié? Pas grave, je dégaine carte de téléphone et numéro (ha je savais bien que j’en aurai besoin) et pars à la recherche d’une cabine (heureusement ici c’est pas la mode des téléphones portables, y a pleins de cabines), une petite voix me répond, hhaa bon? quelqu’un devait venir me chercher??? Baaa c’est pas grave me dit on, je n’ai qu’a venir en pouce (en stop), on m’explique rapido, je comprends rien, Re-bouffée d’angoisse!!! 1h20! Alors que je m’apprête à affronter la trentaine de kilomètre en pouce, ou à pied (haaaaa ce sac a dos), Annette (la proprio de la ferme) et ses deux filles arrivent! Sauvée! La ferme abrite donc 6 personnes (dont 3 filles : Ella 7 ans, Fanny 13 ans, Mélina 15 ans et 1 garçon Fréderic 16 ans (celui là même qui m’envoyait poucer jusqu'à la ferme. Vengeance!)). Annette, Rejean et leur 4 enfants sont une pure famille de babos, qui prône l’école a la maison, où il n’y a pas forcement d’horaire et chacun travaille quand il en a envie (le rêve quoi).
[la maison] Ce petit paradis comprend un jardin bio (qui va m’occuper les quinze prochains jours) avec deux serres, une étable avec chèvres (c’est cool les chèvres), poules (c’est con une poule), chevaux, et vaches (avec formation à la traite),
[l'étable] une petite roulotte qui a servit lors d’une traversée du Québec il y a quelques années, et qui me sert de chambre à l’heure actuelle (y fait frais la nuit!),
[ma belle roulotte] ¨le bois cordé¨, un petit chalet douillet qui servira aux woofers (pas maintenant parce qu’il est squatté par Marie-Claude qui occupera la ferme pendant un an), et enfin un petit étang bien sympathique quand il fait chaud (cela dit ça n’est pas encore arrivé).
[le bois cordé et le p'tit étang] Le programme des journées suit à peu prés ce schéma : levé 6h30 (plus ça va et plus ça devient 7h), café, direction l’étable pour la traite, une ptite gratouille aux chevaux (faut pas les oublier, ils sont susceptibles), quelques graines pour les poules (RRRhhhaa les poules!), petit déjeuner (encore un café, toast, œuf ou crêpe, sirop d’érable du bon du bio) un tour au jardin pour désherber (ça y est j’ai des vrais mains de travailleurs agricoles), ha c’est l’heure du diner (heu déjeuner), un petit crochet à l’étable pour ramasser les œufs avant qu’ils ne se fassent dévorer par les poules (RRRhhhaa les poules! en plus c’est cannibale!). Après la vaisselle (ça peu prendre une louche de temps pour désigner les volontaires), déménagement de foin pour le compost (Ici pas d’égout. Vive les toilettes sèches!) et retour au jardin pour désherber jusqu’au souper (heu le diner).
[moi à la traite] Mais bien sur y il y a des petites variantes car en même temps la famille prépare un départ en voyage, un an de woofing en Colombie Britannique dans un camping-car, puis vers le Sud jusqu’au Mexique (heu si le camping-car survie). Bref c’est un joyeux bordel, et c’est l’fun. D’où le squattage aussi de Marie-Claude.
(moi dans les jardins) Dimanche 11 mai, souper chez Sylvie et Eric, une française et un suisse expatriés. Ils habitent au milieu d’une foret d’érable, là aussi dans un petit paradis, et possèdent une cabane à sucre.
[Chez Sylvie et Eric] Une cabane à sucre c’est là où l’on va transformer l’eau (la sève en somme) d’érable en sirop! C’est généralement de la mi mars à la mi avril que l’on va récolter la sève de l’érable. L’idéal étant une température de +5° la journée et de -5° la nuit. Il ne faut pas trop attendre car après la sève devient beaucoup plus épaisse et là ça marche plus pour le sirop. A cette période, la sève qui était resté au chaud dans les racines tout l’hiver remonte dans les branches. On pratique des petites incisions sur le tronc, et Yaahhllla, y a plus cas remplir les chaudières (des seaux). C’est là qu’entre en piste la cabane à sucre. Prochainement vous aurez la visite de cette petite érablière, et celle d’une érablière industrielle (brrrr ça fait froid dans le dos) .
[En partant de la gauche: Sylvie, Réjean, Annette et Eric] Mardi 13 mai, arrivée de Samuel, un ancien woofer qui en est à sa troisième visite. Il est cuisto, chic il va faire à bouffer! Les journées sont les mêmes à la différence qu’on ne se bat plus pour désigner celui qui va faire à manger! Et dans la foulée, il fait la plonge (Haa bonheur).
Jeudi 15 mai, arrivée de Virgile, le fils de Rejean suivie de Cécile (dont le conjoint fait de la bière, mais j’en parlerai plus loin) et ses trois filles. Houla on commence à être nombreux.
Samedi 17 mai, préparation d’une grosse chouille, avec petite pause d’initiation au Thai-chi (vraiment pas sur de l’orthographe) par Cécile dans la petite prairie en face de la forêt (hmmmmmm vider ses chakras). Vers 13 heure, les festivités commencent avec l’envoi des hamburgers au barbecue (ha j’en imagine quelques-uns saliver). Houla les gens arrivent, ca fait du monde. Tient on commence à manquer de bières, misère! Heureusement, Normand (le fameux brasseur, conjoint de Cécile) arrive les bras chargés de ce précieux breuvage, la Ham (haaaa un régal pour tout amateur de bière). Je négocie illico une visite à la brasserie pour jeudi prochain (et à mon retour en France, j’ouvre un tripot clandestin!). Le soleil se couche, les gens n’en finissent plus d’arriver, ha ben tient y a pleins de bouteilles cachés dans un petit coin. Quelqu’un met la main sur des percussions et c’est partie! Marie-Claude nous sort ces boules enflammées et nous mime une danse endiablée au son des tam-tams (décidément ça doit être à la mode! Tabarnouche, J’aurai du prendre des cours!). Tout le monde se rassemble au coin du feu, quelque uns tentent des accompagnements vocaux, d’autres bougent frénétiquement leur derrière, voir les deux, et d’autres commencent à piquer du nez, le regard flou (comme moi). Bon aller au dodo.
Dimanche 18 mai. J’ai mal à la tête. Je force pas trop. Marcus, un voisin, vient récupérer vaches et chèvres (snif mes petites chèvres!) et vole quelques poules au passage (ben ça c’est pas grave). Petite discussion autour de l’augmentation des prix. He oui ami français rassure toi dans ton malheur, l’augmentation des prix c’est partout. + 30% sur le blé, 1$35 le litron d’essence, heureusement qu’ils ont des puits en Alberta! Tout ça m’a bien fatigué! dodo à 9h.
Lundi 19 mai, c’est le jour du grand départ pour la famille. Ca s’active dans tout les sens. Une chaussette par ci, un paquet de farine par là. On remplit les placards, on bricole le camping-car. Zut, les feux arrières ne marchent plus. Ha non c’est bon. A 18h, catastrophe! le départ est différé au lendemain. Crise de larme de la petite dernière, on mange et ça va mieux.
Mardi 20 mai, c’est le jour du grand départ de la famille. Pour de vrai! Après des adieux émouvants, je secoue mon petit mouchoir au départ du camping car (baptisé la tortue, c’est dire!). Je rentre dans la maison, bien triste et en même temps bien heureuse d’avoir rencontré une telle tribu. Marie-Claude est déjà partie à son travail, il n’y a pas un bruit. Reste les chevaux, les poules et les deux chiens. Haaa l’angoisse. Quelque chose me dit que cette semaine sera bien différente…