Deuxième ferme
Me voici donc rendu à ma deuxième ferme pour donner un coup de main à Guy (qui décole le 3 juin à Berlin pour un concours de sculpture de sable) et qui s’en sort pas dans ses plantations. Faut dire aussi que le jardin est assez enorme!
Moi qui croyais être au milieu des bois juste avant, je me trompais. Là je suis au milieu des bois.
Guy vit ici avec ses deux enfants : Seveline (14 ans) et Naïmé (17 ans) dans cet autre petit paradis. Ce qui m’amène à faire une petite parenthèse pour vous parler du système scolaire canadien (haaa).
Le système éducatif canadien est très différent du notre. L’école commence à 6 ans (jusque là c’est pareil). Le primaire dure 6 ans (5 pour nous), puis vient ensuite le secondaire qui dure 5 ans (le collège et le lycée réunis, pour nous) et après un examen qui correspond à notre bac, soit l’étudiant décide d’arrêter, soit il va au CEGEP (Hé oui c’est ça le CEGEP). Au CEGEP, il y a deux possibilités, faire une formation professionnelle, et donc courte puisqu’elle dure 2 ans, soit faire une préparation à l’université qui dure 3 ans. Et après c’est la fac (master et doctorat). Mais attention le CEGEP c'est uniquement pour la partie francophone du Canada.
Dans cette ferme, on fait pousser des plantes médicinales pour les vendre ensuite à des gens qui commercialisent des infusions. Le travail consiste à bien nourrir les p’tites pousses encore fragiles et les transplanter sur des lopins de terre. J'apprends même a me servir d'un joli tracteur, que je veux plus lâcher. HHHaaa je l'aime mon tracteur!
Et il y a aussi la cueillette (fleurs de pommier, et pétales de pissenlit, qui sont super bonnes dans une salade d’ailleurs, en plus c’est joli). Ha et puis faire des p'tits trucs bon à manger et qui me permet de découvrir pleins de petites graines que je connaissais pas... mmmhhh!
Ha puis j'ai des petits moments pour apprendre à jouer du djembé. Hé oui, Guy est prof et avait sa petite fabrique de tam tams! Je vais pouvoir me la péter lors des soirées VIP canadiennes où la pratique de tam tams s'avèrent être indispensable... après deux séjours en Afrique, il n'est jamais trop tard.
Il pleut jusqu’à jeudi et il fait super froid aussi. Brrrr.
Jeudi! ça y est! il fait beau et chaud, enfin! C’est là que je vais faire une rencontre qui va changer le cour de mon voyage : la mouche noire!
Tabarouate!
(Petite note pour Armelle : tout ce qu’on nous avez raconté pour nous faire peur et ben c’etait vrai!)
La mouche noire sévit dans les régions forestières et vers les points d’eaux ( c’est à dire un peu partout dans les campagnes canadiennes quoi. Si vous voulez être tranquille restez en ville ou au bord de la mer mais surtout évitez l'Abitibi et le lac saint jean (qui aurait du être ma prochaine destination d'ailleurs, à la place direction le bord de mer à l’est). C’est une toute petite mouche qui se trimballe en bande (une trentaine quand tout va bien). Dès qu’elle voit un bout de peau, elle vous tombe dessus pour vous vampiriser. Mais c’est surtout dans les heures qui suivent que vous trinquez le plus. Petits conseils pour les démangeaisons : frottez vos boutons avec de l’oignon, ça pue mais c’est efficace. Pour ma part, c’est carrément un bain de jus d’oignon qu’il faudrait. Je totalise sur l’ensemble du visage, une bonne quinzaine de piqures. Surtout, protégez vos orifices (yeux, oreilles, nez) parce qu’elles essayent de rentrer pour vous piquer de l’intérieur et vous sucer le cerveau (bon peut être que j’exagère un peu). On se croirait dans un film de Romero.
L’après midi, on est appelé à la rescousse par Gérald (prononcé Erald à la québécoise) qui est un vrai de vrai québécois des campagnes et qui parle donc le vrai de vrai québécois des campagnes (c’est à dire en prononçant une lettre sur quatre). Gérald a une érablière et c’est pile la saison de retirer les lignes : c’est à dire remplacer tout les tuyaux dans la foret d’érable. Arrivée sur place, Gérald est déjà parti le premier, tête baissée, le bout du tuyau attaché à sa ceinture. Je ne comprends pas bien ce qui se passe. A côté de moi, Line (sa femme, qui porte sur sa tête une moustiquaire portatif! Ingénieux!) déroule le gros rouleau de tuyau (plus d’un bon kilomêtre au moins!). La progression de Gérald ralentit, ça à l’air de forcer. C’est le moment d’envoyer quelqu’un pour aider à tirer. D’un coup, on me dit d’y aller. Je m’accroche au tuyau et c’est parti mon kiki! Mes petites jambes ne rivalisent pas avec celle de Gérald. Je tente tant bien que mal à rester accroché au tuyau. Une branche m’arrache mon chapeau, je le récupère à moitié à quatre pattes, j’évite une deuxième branche (c’est que y en a beaucoup dans une foret). Soudain un trou! je plonge dedans, me rattrape au dernier moment à une branche (encore). Le sol est encore boueux. Crotte! ma botte (trop grande) reste coincée dans la bouillasse. Je m’étouffe en avalant des mouches. Je continue à courir, en évitant à chaque pas de m’étaler les quatre fers en l’air. Soudain, on s’arrête. Haaaaa!!!! je souffle. Guy, à quelques mètres derrière moi me hurle de porter le tuyau sur l’épaule (C’est que j’avais plutôt tendance à me pendre à lui). Les mouches en profitent pour prendre leur collation et soudain c’est repartit, à coup de glissade, dérapage et compagnie, on s’arrête enfin au bout de 10 minutes (et c’est long croyez moi quand on court dans la foret attachée à un tuyau) toute éssouflée, pleines de bleus et de piqures de mouches.
Mais C’est pas fini! Un p’tit tour chez Gérald pour récupérer une autre bobine et on recommence. Seulement là, pas folle, je laisse passer les hommes, et je pars à la fin. Ca dure 3 minutes. C’est parfait!
Puis balade dans la forêt pour cueillir des jeunes pousses de sapin, et là re-agression de la mouche. J'en ressors toute bouffie, encore!
Dimanche soir Marie Claude vient souper! Petite soirée de départ avant de repartir à Québec. Je suis bien triste quand même, je serais bien restée encore un peu moi!